Le chemin
On se déshabille, on entre dans la peau du pèlerin
On pense tout quitter mais en fait on ne perd rien
Mieux vaut partir léger, on aura bien assez de soi-même
On ne sait pas ce qu’on va chercher mais le chemin nous l’amène
Lentement les jours s’enfilent comme les perles d’un collier
De plus en plus libre les étiquettes sont décollées
Tout nous attire l’oeil et plus rien ne nous impressionne
On se sent devenir quelqu’un en n’étant plus personne
Jour après jour, on sent l’être prendre le pas sur l’avoir
Perdu dans notre tête, on peut faire des kilomètres sans rien voir
Le quotidien reprend toutes les couleurs de l’arc-en-ciel
On oublie l’important, on retrouve l’essentiel
Quels que soient le temps, l’humeur, on a cette envie folle d’avancer
On traîne des pieds, on court, on vole, on se surprend à danser
Le saut dans le vide est un tremplin, l’inconnu nous apprend
On croit prendre le chemin, c’est le chemin qui nous prend
Avant de partir, on s’est construit des rêves d’aventuriers
On se projette et s’imagine sans savoir ce qu’on va endurer
Après euphorie du départ, déboires, coups de barre, absence de visages
Ennui, fatigue, corps qui grince et monotonie des paysages
Il y a des journées où la lassitude se nourrit de nos pas
On ne sait plus pourquoi on est parti, pourquoi est-ce qu’on est là ?
Quand une main survient pour nous donner un coup de pouce
Cette main, c’est un regard, un coucher de soleil, une lumière douce
Ce qui semblait anodin relève tout à coup du merveilleux
Pour ne pas dire qu’on pleure, on dira qu’on a les larmes aux yeux
Étrangement, pour la première fois peut-être on se sent libre
Étrangement peut-être, pour la première fois on se sent vivre
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L’aventure se cache dans des détails, sur l’édifice du chemin
Les habitudes deviennent des pierres de taille
On lace nos chaussures, croque une pomme, le bonheur nous est tendu
On dit des choses à voix basse et l’on se sait entendu
On oublie tout et tout s’efface : nos peurs, nos regrets, nos projets de carrière
On avance et pour rien au monde on ne reviendrait en arrière
C’est en respirant qu’on se rend compte à quel point on étouffait
On croit faire du chemin, c’est le chemin qui nous fait
On abandonne les sécurités pour être prêt à tout
Pour se rendre disponible, repérer les indices, écouter la voix en nous
Ce sont des mots que l’on caresse ou bien des pensées qui nous effleurent
C’est la route pour adresse, le chemin qui s’ouvre comme une fleur
De hasards en coïncidences, on s’en remet à la Providence
Sur la partition du chemin tout sonne comme une évidence
Retourné dans tous les sens on devient papier mâché
On découvre, on savoure la chance qu’on a de pouvoir marcher
On doute, on dérape, on hésite, on trébuche, on glisse, on se vautre
Seul avec soi-même, on a l’impression d’être quelqu’un d’autre
On avance entre bois, sentiers côtiers et macadam
Le chemin soigne les hématomes de nos états d’âmes
Plus vivant, plus vrai, on a traversé les quatre saisons
La route tourne, on appréhende le retour à la maison
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